Personnages locaux
Eugène Kloster
Eugène Kloster est mort en déportation à Dachau, le 7 octobre 1944. La rue commerçante de Merlebach porte son nom. Mais qui se souvient encore, 75 ans plus tard, de ce combattant volontaire de la Résistance.
Arrêté par la Gestapo le 12 août 1941 à son domicile 49 rue Longue à Merlebach, Eugène Kloster ne reviendra plus dans sa famille. Incarcéré pendant un an à Sarrebruck dans une cellule individuelle, il est accusé par les nazis de « haute trahison ». Après son procès, il est transféré à la prison de Francfort, où il est détenu pendant deux ans, puis conduit au camp de concentration de Natzweiler-Struthof en Alsace avant d’être interné à Dachau. Il y est mort d’épuisement un mois plus tard le 7 octobre 1944. Il avait 38 ans.
Eugène Kloster était évoqué comme étant un grand gaillard sensible et réservé, mineur machiniste à Merlebach et footballeur amateur. Il rentrait tout juste du travail quand deux agents de la Gestapo sont venus l’arrêter l’après-midi du 12 août 1941. Sa soeur était sur le pas de la porte. Elle les a vu arriver dans leur veste de cuir, sortant d’une Citroën. Elle a immédiatement prévenu Eugène pour qu’il aille se cacher chez des voisins, mais il n’a pas voulu : « Si je me sauve, ils vont prendre papa et maman ». Elle ne le reverra qu’une seule fois à Sarrebruck, lors de sa détention. En visite avec sa mère à la prison, Eugène leur raconta : « Ils ont promis de me libérer à condition de m’engager comme volontaire pour le front russe ». Dernier fils vivant d’une famille de 11 enfants, il était tout pour sa mère qui le conseilla : « Fais-le, tu pourras peut-être te sauver ». Mais cet homme fier répondit « Je préfère mourir que de porter l’uniforme allemand ».
Eugène Kloster était un homme exemplaire. Sa famille avait été évacuée en septembre 1939 à Civray, en Vienne, lui a travaillé à la mine de Saint-Étienne. Un an plus tard, ils reviennent tous à leur domicile, rue Longue à Merlebach. Eugène aurait bien aimé partir rejoindre les forces françaises libres en Angleterre, mais sa mère le supplia de rester près d’elle. Il reprend alors son métier de mineur au puits 5. Discret et sérieux, il sortait peu.
On sait aujourd’hui qu’il a été pendant l’occupation un membre actif de l’organisation clandestine locale de résistance et c’est pour ce motif qu’il a été arrêté, enfermé et déporté par la Gestapo.
Sur proposition du maire de l’époque, Jean Matz, le Conseil municipal du 23 novembre 1945 décide de changer un certain nombre de noms des rues de Merlebach. La rue de l’Hôpital devient ainsi rue Eugène Kloster en mémoire de ce résistant merlebachois, dont l’acte de décès porte la mention « Mort pour la France ». En 1951, le secrétaire d’État aux forces armées l’a nommé à titre posthume au grade de sergent pour ses services accomplis dans la Résistance et il est juste d’évoquer 75 ans plus tard la mémoire de ce merlebachois héroïque, mort à Dachau six mois avant que le camp soit libéré par les Américains.